Présentation

L’idée de départ de ce blog est d’en faire surtout un outil personnel. Outil de progression serait présomptueux, du moins un outil de réflexion, de clarification ; probablement à partir de textes essayant de résumer ma façon de sentir les choses, humblement, simplement, le plus honnêtement possible ...
suite

samedi 8 novembre 2008

Apprécier

Un passage d'une lecture en cours qui m'a bien accroché.

Ne négligeons pas les faits quotidiens, si infimes soient-ils. Une même promenade sans imprévu, si sou­vent arpentée, dans les mêmes lieux familiers, sera le fer­ment de joies secrètes qui reviennent comme attirées par un fil magique chaque fois retrouvé. L'instant renoue avec d'autres instants et réactive le même goût de con­tentement. Pourvu que l'on sache s'ouvrir sur l'heure au charme particulier de l'endroit. En apprécier la lumière, l'éclairage changeant, les nuages sombres filant à l'horizon, les lumières dansant dans le courant du fleuve, les ombres des arbres qui remuent sous le vent. Également l'hiver qui les dépouille de leurs feuillages.

Toujours les mêmes lieux, toujours différents. On ne saurait fermer les yeux sur ces changements, en préférer un aspect à un autre. Mais plutôt goûter la joie de retrou­ver le même sentier métamorphosé au gré des saisons.

Si chaque part de vie est vécue la conscience en alerte, en devenant à la fois le convive et le spectateur de son théâtre quotidien, l'homme rassasié d'expérience, irrigué d'impressions fermement appréciées, pourra se dire qu'il a reçu ce qu'il avait à recevoir et envisager sans regret la fin de son existence, remplie à plein bord des cadeaux qu'il put accueillir consciemment et des événe­ments dont il a su tirer la leçon. Lente maturation mais idéale fermentation pour l'évolution de l'esprit. Et pour devenir soi-même.

Si, au contraire, ces plaisirs et ces joies se sont écoulés mécaniquement, sans lucidité ni véritable attention, leur accumulation successive se fera et passera en pure perte, comme absorbée dans le sable d'un rêve monotone. En cela semblable à l'eau du tonneau percé des Danaïdes, toujours empli, toujours vidé, sans fin, sans profit, action absurde et inutile, symbole burlesque de notre psy­chisme qui, à peine fini d'être comblé, ne cesse de se tarir.

Denise Desjardins, Le bonheur d’être soi-même, p 56-57. La table ronde.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, j'ai pu en faire l'expérience hier en suivant le chemin familier dans la forêt proche de chez moi..mais trop rapidement le mental est venu occuper le terrain du " connu" et mon parcours s'est transformé en aller et retour entre ouverture pure des sens et pensées automatiques...
Mes pas m'ont un moment porté vers un sentier in-connu et là tout est redevenu ouverture, calme, conscience de l'ici et maintenant.
Alors ?
FrancineC

Dominique a dit…

Pourrais-tu préciser ton "Alors ?" ?

Seb! a dit…

Tout apprécier et vivre ainsi chaque instant... pas de secret sinon être présent à ce que l'on fait, ce que l'on regarde, ce que l'on sent... être dans l'instant présent... ni passé, ni futur, ni ailleurs mais ici et maintenant, ultime instant de réalité. C'est ma philosophie de vie et je crois que la photo nous aide beaucoup à être présent à ce que la vie nous offre...
Bien vu Dom ;-)

Dominique a dit…

Oui, la photo est un bon entraînement.

Anonyme a dit…

" Alors " ?
Alors je m'interrogeais...et le fait que tu m'interroges sur cet " alors " m'a révélé l'innanité de mon questionnement ! Tout est juste car ce qui est, est, dans l'instant...comme le flash d'une photo. Mais pas figé, toujours en mouvement, comme le coeur spiralé d'un tronc d'arbre coupé que j'ai photographié.
Je partage aussi tout ce qu'a exprimé Seb, merci à lui.

FrancineC

Dominique a dit…

Ok.