Présentation

L’idée de départ de ce blog est d’en faire surtout un outil personnel. Outil de progression serait présomptueux, du moins un outil de réflexion, de clarification ; probablement à partir de textes essayant de résumer ma façon de sentir les choses, humblement, simplement, le plus honnêtement possible ...
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dimanche 21 décembre 2008

Trop tard ?

Il y a déjà un moment que je que je voulais écrire ce post. Il est la suite logique du précèdent et l’article de Fred Vargas publié sur Ipapy m’a incité à creuser un peu. Suite logique du post précédent car comment la société capitaliste qui ne respecte pas l’être humain pourrait-elle se mettre d’un coup à respecter son environnement ?

Impossible, je pense.

Comment peut-on encore croire qu’un système basé sur la croissance puisse fonctionner indéfiniment ? Cela me semble être une simple question de bon sens. Il n’est pourtant pas question de le remettre en cause pour l’instant, on en est toujours au niveau de l’emplâtre sur la jambe de bois.

Quand on voit que certains se frottent déjà les mains dans la perspective de la fonte des glaces, n’y voyant qu’une opportunité d’ouvrir de nouvelles lignes maritimes plus rentables, on est en droit de se dire que, même s’il y a un début de prise de conscience, il semble très très loin d’être à la mesure des enjeux.

C’est une véritable révolution, un état d’urgence de la plus haute gravité qu’il faudrait décréter et on n’en est encore qu’à de timides et laborieuses tractations pour définir de vagues quotas de pollution dont on pourrait peut-être s’approcher dans vingt ou trente ans.

Il est donc vraisemblablement déjà trop tard.

Mais qui sait ?

Ne se faire aucune illusion n’implique pas de ne rien faire. Changer son monde plutôt que de tenter de changer le monde comme je le disais dans mon premier post – et je ne reviens bien sûr pas là-dessus – cela n’interdit pas pour autant d’essayer de faire ce qui semble pouvoir être fait.

Il va falloir y réfléchir à cette révolution, imaginer une société compatible avec ce que notre planète peut encore nous accorder. Déjà déterminer ceux de nos comportements à abandonner en priorité, faire le deuil de la compétition, la remplacer par la solidarité, que sais-je encore ? Ô combien douloureux retournements ! Et bien d’autres encore !

J’essaie ici de traduire ce que je ressens aujourd’hui mais mon incompétence en la matière ne me fait peut-être qu’égrener des inepties. Malgré tout, je me pose la question d’un engagement personnel à ma mesure. Sous quelle forme, dans quel cadre agir sans ajouter à la confusion intime et collective ? Je cherche. Ceux qui seraient susceptibles de m’orienter sont les bienvenus.

mardi 16 décembre 2008

Différence

Vers la fin de l’année scolaire dernière, je suis sorti d’une classe de maternelle dans un état assez difficile à décrire. Pour faire simple, je pourrais dire : complètement explosé au niveau mental.

Depuis quelques années, j’avais de plus en plus de mal à tenir le rythme imposé par le travail et les coups de fatigue étaient fréquents mais là, j’avais atteint un niveau que je n’aurais pas imaginé possible. J’ai vraiment ressenti qu’il n’était pas juste de s’épuiser à ce point, de se retrouver dans un pareil état. Mon médecin m’a heureusement permis de terminer les quelques semaines qui restaient à mi-temps.

Tout ça pour dire que, depuis presque six mois que je suis en retraite, je ressens un incroyable soulagement avec, en plus, cette conviction qui est montée et qui s’affirme : nous ne sommes pas là pour en baver.

Entre autres et nombreuses débilités de fonctionnement de notre société, il est celle-ci qui demande de rentrer dans un moule. On attend la même chose de tout le monde sans tenir compte des différences de rythme. Seuls s’y retrouvent ceux qui s’éclatent dans leur travail (j’en faisais partie) et disposent d’une énergie inépuisable (ce n’est pas mon cas). D’une part, pourquoi empêcher ceux-là de travailler jusqu’à quatre-vingts ans si c’est ce qui leur correspond ? Mais les autres ? Leur souffrance est-elle vraiment inévitable ?

mardi 2 décembre 2008

Et Dieu dans tout ça ?

La première fois que j’ai rencontré Arnaud, c’était en 1994 à Kagyu Ling, temple bouddhiste situé en Bourgogne. Il animait un séminaire de deux jours.

Ce que j’entendais me passionnait et me confortait dans l’idée que cet enseignement me correspondait parfaitement.

Pourtant, j’ai été pris d’un grand doute lorsque le dimanche après-midi toutes les questions ont concerné la religion, certaines étant même assez pointues au plan théologique.

Il faut dire que j’ai été élevé et exerçais dans un milieu très anticlérical. J’en gardais une grande méfiance à l’égard de l’Eglise sans pour autant considérer la foi comme une superstition puérile. Mais cet après-midi entièrement consacré à cette question était ressenti de manière négative. Cela ne me correspondait plus, je ne me sentais plus à ma place, j’étais vraiment désemparé.

A la sortie, j’étais là, dehors, avec mon malaise. Je regardais Arnaud discuter avec quelques personnes. L’idée m’est alors venue de ma payer l’audace de lui en parler directement. J’ai attendu le moment propice et lorsqu’il a été seul, je me suis lancé.

Je lui ai expliqué ce que je ressentais. Y avait-il une place pour moi sur cette voie ? Il m’a répondu pour l’essentiel : « Un bouddhiste bon teint vous dirait que c’est un avantage de ne pas croire en Dieu. Vous n’aurez au moins pas à démonter la fausse conception que vous pourriez vous en faire. Ce n’est donc pas un problème. Peut-être le rencontrez-vous en route. »

C’était il y a presque quinze ans et je n’ai toujours pas rencontré Dieu. J’ai vécu quelques « expériences » assez profondes au cours desquelles « je » n’existait plus, volatilisé. Mais aucun lien ne s’est établi. Je n’ai pas l’expérience de Dieu, je n’en ai pas l’intuition, et il ne me semble pas en avoir le manque. Je crois que je ressentirais une demande beaucoup plus intense, même s’il y a bien sûr un désir d’absolu. Je suis touché par l’architecture religieuse, je me sens bien dans l’atmosphère de recueillement qui se dégage de ces lieux mais ça s’arrête là. Cela ne me pose pas de problème dans ma pratique si ce n’est que je me sens nettement minoritaire dans la Sangha et il me semble que cela complique un peu mes rapports avec les autres membres car j’ai parfois l’impression de ne pas parler tout à fait le même langage. Je n’ai pourtant aucune arrière-pensée vis-à-vis des croyants ; je considère la foi comme une sensibilité différente de la mienne, une autre façon d’appréhender les choses. C’est surtout dans le but d’essayer d’éclaircir cet aspect des choses que je publie cet article.

Autant vous dire que je suis dans l’attente de vos commentaires.