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L’idée de départ de ce blog est d’en faire surtout un outil personnel. Outil de progression serait présomptueux, du moins un outil de réflexion, de clarification ; probablement à partir de textes essayant de résumer ma façon de sentir les choses, humblement, simplement, le plus honnêtement possible ...
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mercredi 15 octobre 2008

Changer le monde ou changer son monde ?

Aujourd’hui, je ne vois plus en quoi le « progrès » technique a apporté une quelconque amélioration à notre existence. Il a conduit à une société basée sur la productivité, le consumérisme qui nous plonge dans le stress, l’insatisfaction, la frustration permanents et menace la survie même de l’humanité par le bouleversement des équilibres écologiques. Qui peut honnêtement prétendre aujourd’hui vivre l’esprit tranquille ? Ce que nous sommes sensés avoir gagné en en termes d’avoir, nous l’avons perdu au plan de l’être. Dans ces conditions, à quoi bon l’augmentation de notre longévité. Pour les sociétés qui vivaient en harmonie avec la nature, quel a été le bénéfice du passage à la modernisation ? La démocratie ? Certes, nous avons une petite possibilité de choix mais n’est-ce pas une illusion dans la société actuelle ? Pour se faire élire, les hommes politiques sont obligés de mentir. Quelles chances aurait d’être élu celui qui dirait : « Je n’ai pratiquement aucun pouvoir, je ne peux rien faire évoluer. Tout est dans les mains des puissances financières qui me tiennent à leur merci. Je ne peux, tout au plus, que vous promettre d’essayer de peser autant que possible sur la répartition des recettes fiscales. Encore faudra-t-il que je fasse très attention de ne pas nuire aux intérêts des nantis, ce qui réduira encore considérablement mon champ d’action. » ?

Alors, y a-t-il une possibilité de changer cet état de choses ? Sûrement pas en essayant de changer la société. Toutes les doctrines qui ont eu accès au pouvoir et qui s’y sont essayées sont revenues à la case départ. Pourquoi ? Probablement parce que la société est l’exact reflet de ceux qui la composent. Ses disfonctionnements ne sont que la somme de nos disfonctionnements individuels. Nous sommes tous plus ou moins esclaves de nos émotions, particulièrement de l’émotion source : la peur, la mère de toutes les autres.

Puisqu’il semblerait qu’on ait vainement à peu près tout essayé dans ce domaine, plutôt que de tenter de changer le monde, il me semble plus utile de chercher à se changer soi-même. Prenons le monde tel qu’il est mais il ne s’agit pas non plus de s’en couper – bien que cela puisse être une option respectable. Il n’y a pas à se priver d’essayer de pousser dans le bon sens si on en ressent la possibilité, que ce soit au plan politique, syndical, associatif, professionnel, familial ou autre. Encore faut-il le faire avec circonspection et sans illusion quant au résultat.

Donc, plutôt que de tenter de changer le monde, mieux vaut essayer de changer son propre monde. Mine de rien, c’est un vaste programme car tout en nous s’y oppose. Il est quasiment impossible de parvenir à un résultat sans être guidé. Et c’est là que se situe notre responsabilité : trouver le guide qui en soit vraiment un et qui corresponde à notre personnalité. Les religions sont des voies de transformation. Mais faute d’un guide incarnant leur message de manière indiscutable, elles se résument à une doctrine figée, pouvant conduire à l’intolérance voire au fanatisme le plus violent. Il n’y a pas de miracle : le baptême ne fait pas le chrétien. A quelques très rares exceptions près, un travail de type psychologique est nécessaire pour faire tomber les plus gros blocages qui empêchent toute progression.

C’est une des particularités de Swami Prajnanpad d’avoir tout de suite vu dans les travaux de Freud le chaînon manquant aux voies spirituelles et de l’avoir intégré à son enseignement. De plus, il s’exprimait d’une manière aucunement religieuse, ce qui permet à ceux qui comme moi n’ont aucune sensibilité mystique d’y trouver leur compte. Cet enseignement est parvenu jusqu’à nous grâce à Arnaud Desjardins. La lecture de ses livres a été pour moi une véritable révélation. Je dois beaucoup à ces deux hommes qui m’ont énormément aidé à mieux comprendre les autres et à me comprendre moi-même, à entrevoir ce je pouvais tenter de changer.

Je suis aujourd’hui convaincu qu’il est parfaitement inutile d’essayer de changer la société. Une éventuelle évolution positive ne pourra passer que par le changement au niveau des individus. Mais on ne peut obliger personne à changer, c’est une affaire entièrement personnelle. A chaque fois que quelqu’un parvient à rapprocher son propre monde du vrai monde, le vrai ne s’en porte que mieux.

Précision : cet article a été écrit pour l’essentiel avant la crise financière actuelle.

12 commentaires:

Stéphane a dit…

As-tu déjà vu le film "Oui, mais ... ", avec, entre autre Gérard Jugnot ---> un regard simple sur quelques scénari psychologiques tellement usuels ...
Avec comme leitmotiv le fait que ma démarche pour trouver de nouvelles solutions aux conflits va aussi modifier les comportements de mon entourage (et non pas la modiffication de mon entourage pour provoquer le changement chez moi): simple, drôle, efficace : génial.

Christian a dit…

Très beau texte, Dominique. Merci.

En ce qui me concerne l'étape suivante a été : "regarde le monde comme il est, il est la mise en scène de toutes les tentatives (inconscientes) des hommes d'apprendre les vraies lois de la Vie - oui, il y a beaucoup de tâtonnements, beaucoup de souffrances en découlent, moi-même j'y participe - mais tous nous cherchons (souvent sans encore le savoir) le Vrai, et toutes nos errances y contribuent - patience et compassion, entre soi-même et envers tous".

Qu'en penses-tu ?

Anonyme a dit…

Crise ou pas, comme elle concerne l'avoir confondu à l'être, ton texte reste pertinent.
Alors vive la crise de l'avoir qui peut ramener à la soif de l'ETRE...
J-P êtro-petto

Anonyme a dit…

Complètement d'accord : se changer est la seule issue.
Mais à partir de cette prise de conscience tout reste à faire .
Je rève d'un blog qui s'appellerais :"cestmapratique" , où chacun viendrait dire ce qu'il fait pour se changer .
C'est ton blog qui m'a donné cette idée .
Merci d'être là
André

Dominique a dit…

Stéphane
Non, je ne l'ai pas vu mais je n'y manquerai pas si l'occasion se présente.

Christian
Je l'aurais formulé ainsi : chacun dans sa recherche du bonheur se heurte aux lois de la Vie mais je suis d'accord, avec un petit doute sur "toutes nos errances y contribuent" qu'il faut que je creuse.
Oui, patience et compassion envers soi-même et envers tous.

J-P ... petto
Je pense qu'il faudra que la crise soit beaucoup plus profonde pour ça bouge vraiment. Cela rejoint mon doute sur nos errances.

André
Bien sûr, tout reste à faire.
Quant à "cestmapratique", tu viens de déposer l'idée, tu n'as donc plus qu'à te lancer.

pascaline a dit…

Très beau texte qui porte à réfléchir...

Dominique a dit…

Je m'attendais à quelques critiques à propos de ce texte. Pour l'instant il n'y en n'a pas mais je ne désespère pas qu'on me pousse dans mes retranchements.

Seb! a dit…

Tout est impermanence en ce monde et le problème réside dans le fait que l'homme agit comme si tout était éternel... y compris lui-même !
Il pousse tout système à son maximum sans penser aux concéquences de ces actes, sans même se rendre compte lorsqu'il est trop tard... cela est effrayant de voir qu'au bout de plus de cent mille ans d'existence nous avons si peu de sagesse... les animaux eux-même savent que leur vie dépend de l'harmonie qu'ils ont avec leur environnement... nous, non !
Pour changer le monde... chacun doit changer son monde... mais la route est longue et semée d'embuches ;-)

Daniel a dit…

Je viens de lire ton ton texte avant de refermer mon ordinateur pour 15 jours de marche dans le désert du Hoggar. J'espère avoir le temps de répondre à mon retour et peux-être ... "te pousser dans tes retranchements".
Bravo pour cette réflexion qui touche à l'essentiel.

Dominique a dit…

Merci, bonne marche et surtout bonne méditation.

Anonyme a dit…

Pour l'essentiel, je suis d'accord avec toi, même si je ne connais pas le (sans doute) maître spirituel indien que tu nommes, ni Arnaud Desjardins dont le nom ne m'est cependant pas totalement inconnu !

Evalys

Dominique a dit…

Merci de ton passage Annie.