J’écoutais hier un reportage de la correspondante d’Europe 1 à Moscou sur la manière dont les événements français actuels sont relatés par la télévision russe. Ne sont diffusées (et largement) que les images des débordements des casseurs accompagnés de commentaires alarmistes. Tant et si bien que dans les agences de tourisme, les réservations pour La France sont en chute libre.
Nul doute qu’effectivement l’impression qui en ressort doit être que La France est quasiment à feu et à sang. Difficile d’imaginer que cette présentation pour le moins orientée puisse être innocente. Je suppose que le message dissimulé doit être du genre « Voyez que cela ne va pas si mal chez nous, c’est encore bien pire ailleurs. » Ajouté à l’info sur le nucléaire reprise dans mon précèdent article, ce reportage m’a encore confirmé à quel point nous vivons dans le mensonge, la dissimulation et la manipulation. Que ce soit en politique, dans les affaires (au sens le plus large), dans les médias, partout c’est le règne du double principe « Je ne fais pas ce que je dis, je ne dis pas ce que je fais ».
C’est pitoyable et pathétique mais à titre individuel, il faut être très prudent et veiller à ne pas tomber dans cette illusion qui consiste à rejeter la faute sur les autres. Le sentiment « tout irait mieux si chacun se comportait comme moi » est très répandu mais il n’en est pas moins faux puisque presque tout le monde le pense. La société n’est que l’exact reflet des individus qui la composent. Nous participons tous à cette décrépitude. Se borner à dénoncer est non seulement inutile (cela ne fait en rien avancer le problème) mais néfaste : on contribue à la négativité générale. Il faut faire plus : y trouver aussi et surtout une motivation supplémentaire à s’exercer à l’honnêteté sans concession avec soi-même. C’est très difficile mais c’est la seule action utile qui puisse être tentée. Où est-ce que je me mens ? Qu’est-ce que je ne veux pas voir en moi ? Quelle est ma part sombre qui me manipule ? Sans en faire une prise de tête, ce questionnement doit sous-tendre notre existence.